dimanche 31 août 2014

Introduction


Il y a déjà quelques années que j'envisageais de parcourir le Chemin de Saint Jacques de Compostelle à l'heure de la retraite.  Le projet devrait se concrétiser cette année.  Pour ce faire, j'ai créé ce blog qui devrait permettre à ceux que cela intéresse, de partager un peu cette magnifique expérience.
J'ai mis à profit la période hivernale pour préparer cette expédition.
Les premières questions existentielles étaient de savoir comment partir, quand, par où et avec qui?
Comment ?  Après avoir hésité entre une combinaison vélo/à pied, j'ai finalement opté pour le tout vélo.  Pour des raison pratiques ( éviter les aller/retour en train) et de poids (on peut plus porter à vélo, notamment le matériel de camping ce qui permet plus de souplesse dans le choix des logements en fonction de la météo et de la forme physique, et donc des étapes).
Quand? Pour rester dans l'esprit de Compostelle, je préfère parcourir le Chemin d'une traite.  Le départ est prévu pour début juin pour arriver mi-juillet avant les grosses chaleurs et la foule.
Par où?  Dans les grande lignes, je pars de chez moi à Braine l'Alleud vers Verdun par la Meuse, passage à Vézelay puis le long de la Haute Loire pour arriver à Puy-en-Velay où commence un des itinéraires historiques, celui appelé "Via Podiensis" qui m'emmènera à Saint-Jean-Pied-de-Port et Roncevaux pour alors emprunter le "Camino Frances" jusque Compostelle et pourquoi pas jusqu'à la fin de la terre, c'est à dire le Cap Finistère où aurait échoué la barque avec la dépouille de Saint Jacques.
Avec qui? Mon intention est de partir seul, du moins jusqu'en Espagne où me rejoindra Anne-Catherine mon épouse pour les dix dernières étapes. Ayant une expérience de treks d'une semaine seul ou en groupe, j'estime que le voyage en solitaire offre plusieurs avantages: la communication est plus spontanée vers les autres pèlerins et les autochtones, on détermine son propre rythme (vitesse, longueur des étapes, pauses, visites).  Le Compostelle étant à la base un pèlerinage, la randonnée en solitaire se prête mieux à l'introspection...  La fin en couple est tout aussi symbolique.

Départ (Nivelles-Maredsous 99 Km)

26 mai départ! Un peu précipité car j ai appris la veille à 22:00 hr que je pouvais loger à l abbaye de Maredsous, première étape idéale pour se mettre dans l esprit de Compostelle.
Itinéraire: Nivelles (la collégiale) le canal, arrêt à mon bureau de Jumet pour saluer les collègues, RAVeL de  la Houillère pour traverser Charleroi au vert,  la Sambre jusque Tamines puis montée vers Maredsous. Un max de voies vertes.

La Meuse (Maredsous-Monthermé 108 Km)

Après les laudes en présence de 17 Bénédictins je suis parti sans payer car le bureau n est ouvert qu 10:00 hr Pas très matinal pour des moines! Je règlerai par virement pour ne pas être excommunié ;-)
Descente vers la Meuse par la Molignée et ses draisiennes. Un crachin breton et un vent frais de face ne m ont pas quitté jusque Monthermé.  Très belle voie verte bien roulante dans un magnifique environnement,  même sous la pluie!

Argonne (Monthermé-Clermont-en-Argonne 120Km)

Après avoir quitté la Meuse à Charlesville, par monts et par vaux vers les étangs de Bairon où le camping était à remettre ;-(. Donc deux étapes en une via Varennes pour arriver à la ferme familiale à Clermont où j ai pu tester la tente et réparer le porte-bagages désoudés
.

La Marne (sans taxi...) (Clermont-Lac d'Auzon 130 Km)

Après une journée de repos en famille et justement du matériel ce que je n avais pas su faire lors d'un we d'essai, je suis reparti sur la voie de la liberté, à ne pas confondre avec la voie sacrée toute proche, dans la direction opposée à Anne Catherine, elle vers le Nooord, moi plein Sud avec un soleil aussi méridional. Traversée de la forêt de Chatrices où j ai croisé toute une famille de sangliers. Après un des greniers de France qu'est la Meuse, je suis passé dans une des plus célèbres des caves françaises: la Champagne, mais ce breuvage sera pour plus tard...
Petite pause sur la place de Vitry le François ornée d une fontaine pour continuer de village en village et de clocher en clocher et emprunter la véloroute des lacs d"Auzon pour camper au bien nommé camping "Epine aux moines"

Demain je partirai à l'aube (Lac d'Auzon-Vezelay 125 Km)


Réveillé à 5 hr par les oiseaux, je pars vers 8hr du camping encore endormi, ils sont en vacances eux, en prolongeant la vélo route des lacs du département de ...l'Aube. Ce lac me fait penser à ces quelques vers de Lamartine: oh lac regarde je viens seul m asseoir sur cette pierre...L homme n a point de port, le temps n a pas de rive, il coule nous passons.
Chaque village a invariablement son église avec le monument aux morts à côté et la mairie-école. Aucun village n'a été épargné par les 2 guerres. Quand on traverse un village on dirait que c est toujours le couvre feu depuis 1940 tellement ils sont déserts.
Arrivé à Vézelay où j ai fait estampiller ma crédentiale.
Logement à l'auberge de jeunesse dans un pavillon  pour trois avec deux jeunes Allemands qui depuis mars font le tour d Europe.


Nivernais (Vézelay-Décize 105 Km)

Je suis parti de bonne heure sans réveiller mes compagnons de chambre qui ne comptait pas lever le camp avant 10 hr.
Sur les conseils du gérant je me suis rendu a la même auberge que la veille où j avais dégusté un excellent boeuf ... bourguignon.  (petit) déjeuner buffet où rien ne manquait.  J'étais attablé à côté d un couple qui faisait une reconnaissance aux frais (c'étaient des Hollandais...) d'une agence de voyage.  Lui avait fait un raid vélo en Norvège de 560 km en 27 hr non profitant du soleil de minuit.  Bref vrai départ plus d'une heure plus tard.
J'ai assez vite rejoins la vélo-route du canal du Nivernais déjà empruntée précédemment vers AUXERRE avec mon épouse.
A midi, menu du jour complet à l'auberge de l'éclusier à côté de la table du maire local.  Sympa. J'ai suivi la D10 pour éviter de nombreux méandres et gagner ainsi 10 km au prix de quelques montées.
Arrivé à Décize en pleine installation de la grande foire qui heureusement ne commence que le we. Tente plantée au bord de la vieille Loire, à côté d un Allemand qui remonte la Loire depuis St Nazaire.
NB j ai remarqué que les bruits ne sont pas les mêmes qu'à pieds (vent, oiseaux, revêtement) ce qui donne un autre décor son
ore à la traversée champêtre.

La Loire (Décize-Pouilly sous Charlieu 116 Km)

La balade de ce jour s'est déroulée exclusivement dans la vallée de la Loire sur le parcours de la vélo-route européenne 6 qui ira de l'Atlantique à la mer Noire. Avis aux amateurs! Une partie est aménagée en RAVeL, soit sur le halage soit sur une ancienne ligne de chemin de fer. Il existe un balisage vert mais qui s'écarte parfois de la Loire pour traverser des villages.  J'ai donc improvisé en musardant entre le fleuve et son canal latéral pour arriver au camping municipal de Pouilly sous Charlieu le long de la Surine. Demain pluie annoncée.

La Haute Loire (Pouilly-Biesse 116 Km)


Ce ne sont pas les oiseaux qui m ont réveillé à 5 hr mais la pluie. J ai quand même pu profité d'une accalmie pour tout replier, il faut compter une bonne heure en tout puis j'ai pris mon cappuccino dans la salle commune super équipée: micro-ondes, frigo, cafetière, bibliothèque et ludothèque. J'y avais rencontré la veille un jeune Américain du Kentucky qui faisait seul à vélo Lisbonne-Paris.
Qui dit "haute" Loire dit relief accidenté et ça dans les averses, le vent de face et la fraîcheur, 12 degrés affichés. La montée du premier barrage sur la Loire à Presles n'est pas triste. Le canal latéral s'arrête à Roanne et je sais pourquoi! Quelques éclaircies pour le retour en plaine où je dépasse les seuls cyclistes du jour, un couple en tandem avec remorque parti de Nantes.
A St Just Rambert l'OT me renseigne un camping quelques km plus loin avec une petite montée, En fait ça grimpait non stop sur 11,5 km!
J'ai été récompensé car le gérant tenait aussi un gîte pour 35 personnes où je me suis retrouvé seul. C'est ainsi que je vous écris devant l'âtre avec un bon feu de bois qui fait oublier cette journée humide.

Puy en Velay (depuis Biesse 84 Km)

Après une excellente nuit à 770m et réveillé par l'âne du propriétaire, ce dernier est passé me souhaiter bonne route avant d'aller enregistrer à St Étienne une émission radio sur le tourisme.  Il me conseille de monter sur la vieille tour de Chambles d'où on jouit d'un panorama magnifique sur le barrage et la Loire, ce que j ai fait. 

L'itinéraire continue donc dans la vallée de la Loire, tantôt sur le versant tantôt le long des berges en changeant de temps en temps de rive.  On traverse également des gorges, un vrai décor de train Märklin. La taverne d'Aurac a un menu original selon le pays qui joue au mondial: raclette pour l'équipe suisse, choucroute pour les allemands, pizza pour l'Italie et moules frites pour les diables rouges.!Au Puy on est directement imprégné par le  Compostelle. Un accueil avec verre de l amitié est prévu en début de soirée pour pouvoir échanger des infos entre pèlerins.
Et voilà après plus de 1000 km depuis la Belgique,  je suis arrivé au... départ! Fin de la première partie.

La Lozère (Le Puy-St Alban 80 Km)

Je partageais la chambre avec deux petits Suisses ( de taille). 7 Hr une centaine de pèlerins assistent à la messe qui leur est dédiée en la cathédrale.  A la bénédiction devant la statue de St Jacques, le prêtre demande notre origine.  Parmi les pays les plus éloignés représentés il y avait la Corée,  l'Australie,  le Canada et les USA. Remarque osée du prêtre aux Allemands vu le 6 juin: On vous a chassé en 44, on vous accueille aujourd'hui!

Les seuls cyclistes rencontrés poussaient déjà leur vélo à la sortie de la ville!

L invité surprise du jour était le vent fort à tel point que je devais me pencher pour compenser la poussée latérale et pédaler dans les descentes!

Petite causette avec la dame qui entretient la chapelle St Roch à Montbonnet et intention dans le livre d'or pour le 70ème anniversaire du débarquement.

Traversée perpendiculaire des gorges de l'Allier avec une montée de 17 km jusqu'à 1100 m.

Et me voici en Lozère à St Alban.

Aubrac (St Alban-Estaing 85 Km)

Les nuits sont fraîches en Lozère,  une des régions les plus arides de France, il gèle encore la nuit début juin et il peut faire 35 ° en été.  Le vent s'est à nouveau invité mais il desséchait cette fois la gorge. J'ai rattrapé le cycliste allemand de Nuremberg vu à Puy. Je ne voudrais pas lui faire de procès mais avec 30 kg et un énorme sac à dos,  il faisait plutôt " panzer"!
Pause à Nasbinals envahi par les marcheurs.  Il y en avait partout: sur chaque banc, chaque terrasse, chaque magasin ou taverne!
Après, la dernière difficulté de la journée en plein vent: le col d Aubrac (1430 )
Là les prairies sont encore séparées par des murets en pierre ronde.
A la descente, arrêt à la taverne Germaine où Jacques et sa famille ont mangé lors de leur étape de Compostelle en 2013 avec un âne.
Après, grosse descente vers le Lot suivi jusque Estaing.  Je suis maintenant dans l'Aveyron et la région du Languedoc Roussillon.

Le Lot (Estaing-Livinhac 68 Km)

Après une courte visite du vieux bourg et son château propriété de la fondation Giscard d'Estaing (en rénovation), je me suis faufilé entre les étals de la brocante pour attaquer à froid,  si on peut dire car il a fait 38' dans la journée, la grosse côte du jour de 15 % (et on est pas à Marseille...). J'y ai rencontré Pompon l âne et son maître Michaël avec qui j'ai causé pendant une heure en roulant à l'allure invariable de l'âne. Cela m'a rappelé notre randonnée dans les Cévennes avec l'âne Gaspard.



Arrêt à la chapelle bien nommée ND des
hauteurs d'où on a un magnifique panorama sur la vallée du Lot.
Petite pause à Peyserac le long d un ruisseau avec les libellules.
A Sénergues je retrouve le cycliste de Nuremberg.  Comme deux charmantes françaises nous proposaient de partager l'ombre de leur parasol,  la bien séance veut que cela ne se refuse pas. Déception du Bavarois car chez eux une petite bière c'est 50 cl et une grande un litre!
Descente tout schuss ensemble jusque Conque que je visite seul en vitesse,  le temps d'allumer une bougie devant la statue de St Jacques bien sûr.
Et je le retrouve au camping de Livinhac le Haut après avoir longé le Lot.

Le Cèle (Livinhac-Cahors 114 Km)

Puisque la victoire appartient à ceux qui se lèvent tôt, je me suis préparé à l'heure où se réveillent les petits enfants un jour férié ;-)
Pas un bruit dans les villages encore endormis, peu de circulation,  pas de pèlerin en vue,  le monde m'appartient ou du moins cette route qui monte sur 7 km avant d'arriver à Figeac où j'ai pu admirer à mon aise une copie agrandie au sol d'une vieille cour de la fameuse pierre de Rosette découverte par Champollion originaire de cette ville.
Après ce fut le plus beau tronçon jusqu'à présent de mon périple: la descente en pente douce sur 60 km du Célé avec célérité puisque roulé à du 22-23 km/hr dans une vallée minérale encaissée en longeant des falaises et des rochers parfois taillés pour faire passer la route, avec d
es tunnels, ponts romains, grottes ( visitées), prieurés, vieilles chapelles et maisons collées à même la falaise et qui semblent comme suspendues dans le vide. Époustouflant!

A l église de Marcilhac, il fallait enfoncer un clou dans un vieux joug de cloche pour que ça porte bonheur!

Mais plus beau restait à venir: un sentier bordant le Lot et creusé dans le roc. Heureusement que j'avais mon casque pour la voûte ;-)







Et je n'étais pas au bout de l'émerveillement avec le village médiéval perché de St Cirq Lapopie qui offre depuis les ruines du château un panorama sublime sur la vallée du Lot.

Après la rude montée continuait à travers une forêt de chêne où j ai surpris une biche.

Arrivé à Cahors alors que mon altimètre affiche 10.000 mètres de montées cumulées depuis le départ.

Enfin un camping avec une piscine opérationnelle pour se détendre les muscles.






La Garonne (Cahors-Miradoux 114 Km)

Réveil par une petite averse orageuse mais pluie du matin... j'ai mis ma potion magique dans mes bidons càd le fond de rosé de la bouteille d'hier !
Crochet par le magnifique pont fortifié de Valentré avec tours,  herses, portes, qui contrôlait l'entrée de Cahors. Il fallait déjà d acquitter d'un péage.  Cette vieille habitude française s'est perpétuée jusqu'à nos jours ;-)








Petit break à La Bastide où j ai rencontré un couple d'Australiens venus spécialement pour le Compostelle. Cela m'a rappelé l'accident tragique de Valéry du club d'escalade CCM fauché là-bas par un camion alors qu'il avait déjà parcouru avec Dam
ien 20.000 km à vélo. Ce pèlerinage lui rend aussi hommage.
Moissac a paraît-il le plus beau cloître du monde mais pas le plus accessible car il est fermé jusqu'à 14.00 hr ;-(
Je me suis contenté du tympan du porche décrit dans le "Nom de la Rose".
Après j'ai emprunté la vélo-route des deux mers qui permet d'aller de la Méditerranée à l'Atlantique, une variante du canal du Midi. Elle longe le Tarn, son canal et la Garonne.


 Après, quittant la Garonne, le paysage devient ondulé comme le pays de  Herve, et avec la transpiration on a même l'odeur du fromage ;-)
Une biche a surgi devant moi, une à quatre pattes, pas celles à deux pattes avec un sac à dos et de grosses bottines qui ne sont pas aussi gracieuses !
Etape à Miradoux sur une aire naturelle à la ferme où je monte la garde pour deux françaises logeant dans un des chalets...

L'Armagnac ( Miradoux-Aire sur Adour 126 Km)


Départ pour prendre le train de 07:40 hr pour Bruxelles. Oups, mais non, j ai un autre rendez vous aujourd'hui, avec les mousquetaires!
Je musarde sur des petites routes de campagnes d'une largeur d'une auto, de hameau en hameau, de ferme en ferme, de croix en croix, de marcheurs en marcheurs lorsque ma route croise ou se confond avec le GR. Faut gérer le GR dans le Gers !
Halte à Condom un jour de marché, patrie des Mousquetaires dont la statue orne fièrement la place. "Un pour tous, tous pour un". Pour le milieu professionnel que je quitte, écoeuré, ce serait plutôt: Un pour tous ( un seul paie pour les autres, politisés donc protégés), tous pour...ris.







Pic nique dans l herbe à Larresingle, plus petit village fortifié de France, entre l'église, le gibet et le puits.
Arrivée à Eauze vers 15:00 hr, que faire? Il n y a plus de camping avant Aire. Allez, un petit panaché sur la place d'Armagnac, et on est reparti, après la visite de l'église et le cachet de l'office du tourisme dans la Crédentiale bien sûr!
Rebelotte, on installe la kermesse à Aire à côté de l'arène. Petit plongeon relaxant dans la piscine au bord de l'Adour avant d'aller au resto. Après 126 Km, je l'ai bien mérité!

Le Bearn (Aire-St Cricq 101 Km)


Départ avec trois Bretonnes, en côte bien entendu puisque les étapes sont dans les villes et que celles-ci se trouvent souvent le long de cours d'eau. Le paysage est champêtre mais plus ordinaire: peu de fleurs, de vergers, ou de vignes par exemple. Si j'avais été parachuté dans le coin, je ne pourrais me situer, seul indice la chaleur, 36 d° affiché à 15:00 hr!
J'ai été étonné du nombre de nouvelles belles villas construites au milieu de nulle part. Il paraît que ce sont des agriculteurs qui cèdent du terrain à leurs enfants. Bonjour les navettes!
Arrêt café à l'église de Pimbo avec une famille de huit adultes venant des quatre coins de la France et de Bruxelles.. J ai rencontré peu de groupes, bien des solitaires, le duo ou trois, souvent des femmes alors. Et cela fait des jours que je n'ai plus vu de cyclorandonneurs, excepté ceux qui faisaient les deux mers. Menu du jour à Arthez. Du boudin il y en a plus pour les Belges dit la chanson, ce sera de nouveau de la saucisse, pas de chance pour les produits du terroir, ni pour le service rapide: deux heures à table...
Premier repos depuis Verdun à St Cricq sur Gave chez la mère de la mère de la mère des fils de mon fils, vous suivez?
J'y laisse tout le matos de camping, j'irai à présent dans les gîtes.
A suivre selon les connexions disponibles.

Pays Basque (St Cricq-St Jean Pied de Port 78 Km)


Après une journée de repos dans la famille et la fête au village, j'ai mis la sauce pour parcourir la région béarnaise en retrouvant la Voie de Tours, celle de Vézelay pour retrouver non seulement ma Voie du Puy 50 km après le départ mais aussi par hasard à un rond point mon éphémère compagnon de route bavarois !
Nous sommes rentrés en

semble dans St Jean Pied de Port où nous partageons une chambre au gîte avec un cycliste anglais, ancien instructeur dans l'armée de sa Gracieuse Majesté, parti de Calais à destination de Gibraltar.
Ensemble, visite de la citadelle et passage obligé par la porte d'Espagne d'où démarrent les pèlerins pour attaquer les Pyrénées. Resto puis deux géocaches pour laisser une trace discrète de notre passage.

Les Pyrénées (St Jean-Punta la Reina 106 Km)

Journée pour le maillot à pois aujourd'hui: 4 cols, 2000 m d'ascension cumulée.  Heureusement la météo est idéale à 7 hr: couvert mais sec, vent fort mais portant, bonne température pour grimper. En plus c'est dimanche et il y a peu de trafic. Les 880 mètres de dénivelé sont grignotés en 2hr20 pour 25 km. Au col de Roncevaux je rattrape un Lyonnais.  On roulera ensemble toute la journée.
La traversée de Pampelune s'avéra laborieuse comme pour toute les villes de cette taille (200.000 habitants). D'abord les périphériques sur lesquels on a l impression d être à vélo sur une autoroute,  puis la banlieue désorientante, les zonings déserts le dimanche et les sens interdits au centre sans compter la rivière qui coupe la ville en deux.  Par contre la vieille ville valait la peine: promenade à pic de la rivière, citadelle, places animées et jardins de l'université dont le gazon ressemble à un golf anglais.

A la sortie de la ville, on taille une bavette avec un autochtone qui nous induit en erreur pour le chemin. Résultats: 2 demi tours et poussette dans la caillasse avant d'arriver un col del Pardon et son immense champs d'éoliennes pour enfin descendre à 60 km/hr vers Puenta de la Reina sur une nationale vidée de ses autos depuis l'ouverture de l'autoroute. Ici, à la jonction avec la voie d Arles commence réellement le Camino Frances. Logement à l'auberge del Puente.

La Navarre (Punta-Logrogno 72Km)

Rendez-vous sur le pont du rio Arga à 07:00 heures pour l'étape du jour avec Michel le Lyonnais.  Nous continuons presque toute la journée sur cette route régionale désertée.  Nous avons vu une dizaine de véhicules sur près de 60 km de montagnes russes.  Une vraie voie express pour vélos car le Chemin lui serpente entre vignes et oliveraies sur un mauvais revêtement de cailloux mal tassés que nous avons emprunté quelques fois mais pour reprendre très vite notre route privée.  On ne descend pas à 40 km/hr dans la caillasse.
Il est surprenant de voir en une fois autour du seul café d'un petit village une foule bariolée de marcheurs puis de se retrouver à nouveau seul sur des kilomètres. Rencontre insolite avec un cycliste qui fait le Compostelle avec son chien dans une remorque!
A midi le serveur à Torrres del Rio nous fait un accueil chaleureux car il a vu la marque de mon vélo et il était fan de Merckx. Il s'est précipité pour aller chercher le sien et nous me montrer fièrement.



Déception plus loin car deux églises richement décorées selon le guide étaient fermées et nous avions fait un détour en montant pour nous y rendre.

Au monastère de Irache à Ayegui, ce fut presque la version espagnole des noces de Cana: une fontaine gratuite d'où coule du vin rouge! Soyons raisonnable, il faut encore pédaler.

 L'arrivée à Logrono se fait par une piste cyclable en site propre ce qui nous évite les difficultés d'orientation rencontrées à Pampelune.
Nous avons choisi de louer un bungalow au camping du coin: grand confort! Au moins, nous n'aurons pas les roulements,  les gens qui rentrent tard, ceux qui partent très tôt, ni les bruits des portes toute la nuit...

Rioja (Logrono-Belorado 75Km)


Départ de Logrono par le parc qui longe l'Ebre en le traversant par une passerelle piétonne.  Pas moyen de se tromper,  déjà dans le centre historique les rues sont véritablement décorées par des coquilles jusque dans le sol.  On dirait que le petit Poucet jacquaire est passé par là.  Plus simple est de suivre les marcheurs.  Ce n'est plus un pèlerinage,  c'est une procession! Ma clochette de vache suisse fait son effet: les marcheurs l entendent, se rangent avec le sourire et nous adressent un "buen Camino" plein d entrain.
Le vent est de face maintenant et ralentit notre progression. A certains moments je frissonne même.
Le parcours du jour est assez décevant.  Il longe l'autoroute A12 qui est encore partiellement en construction. Parfois on a l'ancienne nationale rien que pour nous, parfois il faut se contenter d'un mince accotement faisant office de bande cyclable en se faisant dépasser par un cortège de camions. L'alternative est la piste "africaine" du Camino en gravillons et sur lequel on a difficile à garder son équilibre sans compter qu'on gène les marcheurs.
Pause de midi à San Domingo de Calzada où pour 10 euros,  on reçoit un menu complet avec une bouteille de vin pour deux.
Visite payante de la cathédrale qui vaut vraiment la peine comme musée de l art religieux espagnol, sans compter ses fameux cocq et poule vivants issus de la légende du pendu.
Et c'est devant la cathédrale que je fais mes adieux à Michel qui termine son étape à ce lieu. A chacun son chemin !
J'ai choisi de loger à 20 km de là, à Belorado dans une pension tenue par un accueillant Néerlandais.  De la fenêtre, on voit le clocher de l'église sur lequel nichent des cigognes. Le plus gros nid fait 1200 kg!

nb: j'ai dépassé les 2.000 km depuis mon départ il y a trois semaines.

Fin de la 1ere partie (Belorado-Burgos 52 Km)


Après un copieux petit déjeuner en compagnie d'une pharmacienne de Mecklembourg, je me remets en selle pour la dernière de cette première partie en solitaire, avec les conseils de mon logeur car il y a déjà eu plusieurs accidents mortels sur cette portion étroite de nationale et il n'y a pas d alternative satisfaisante.

Avant Burgos il y a encore un col à 1150 m à franchir mais avec l'entraînement des Pyrénées, cela ne pose aucun problème. J'aperçois la Gardia Civil installer un radar. Dans la montée, pas de danger d'être flashé !
10 km avant Burgos, un panneau invite les pèlerins à vélo à quitter la nationale pour emprunter la piste, ce que je fais. Dans une descente, les gravillons ne sont plus tassés et je fais une sortie de route. L'autre vis de fixation du porte-bagages s'est aussi fait la malle alors que je l'avais pourtant collée. Heureusement il m'en restait de réserve. A Burgos je me contente de faire estampiller ma crédentiale puis je me rends à la gare illico, à 3/4 d heure du centre quand même, car selon les informations reçues, ce n'est pas évident de prendre son vélo dans le train. En effet, le guichetier m'annonce qu il n y a que trois places et qu'elles sont réservées. Aimablement, il me propose de contacter le contrôleur lors d'un passage en gare. Une heure plus tard, j'apprends que c'est OK. Le supplément est de 3 euros. Je rencontre un couple anglais qui fait Malaga-Amsterdam et qui descend à San Sebastian, ce qui me donne l'idée de faire comme eux ( voir San Sebastian, et non aller jusque Amsterdam...) Excellente improvisation car la ville est très agréable.  Ce qui est marrant, c'est de retrouver à l auberge de jeunesse une foule de pèlerins qui parcourent le Camino Norte. Je reste donc dans la même ambiance.
A suivre en septembre...

Conclusion intermédiaire

Que retenir de cette première partie?
J'ai beaucoup apprécié la traversée Nord/Sud de la France par la diversité des paysages,  la richesse de son patrimoine historique,  les petites routes agréables et l accueil chaleureux.
La première partie en Espagne m'a par contre déçue: le Camino colle trop à la nationale rectiligne,  monotone,  peu ombragée et très fréquentée notamment par des semis remorques. Il y a moins de points d'intérêt. Le  paysage est plus aride.  La barrière de la langue y est sans doute aussi pour quelque chose.
Les contacts avec les autres pèlerins sont cordiaux même si beaucoup déclarent préférer avancer seuls.
A titre personnel,  au point de vue introspection,  j'ai eu plus l'impression de pèlerinage avant la Via Podientis et après, à une participation à un événement sportif organisé style trek longue distance, étrange..

Tandem

Après ma première partie en juin de Belgique jusqu'à Burgos en solitaire à vélo, j y suis retourné pour faire la deuxième moitié espagnole avec ma moitié cette fois. Après la visite de la cathédrale de Burgos dans le calme d un dimanche après-midi, nous avons rallié encore en auto Tarjados à une dizaine de kilomètres de là pour profiter du calme champêtre d une ancienne meunerie superbement rénovée à partir de vieux pans de murs en ruine.
Il nous a fallu un certain temps pour organiser nos sacs car j avais laissé une partie de mon matériel ainsi que mon vélo près de Dax et tout ce qui concerne le camping devant être retiré ayant choisi exclusivement pour des logements en dur (mais pas les lits j espère...)
Pour la météo, il semble que nous aurons plus de chance que l Américaine et l Australienne rencontrées à l auberge et qui regrettaient de ne pas avoir des tenues adaptées pour affronter les huit degrés matinaux qu il y avait en Espagne la semaine passée!
Ultreia, c est reparti. Demain on se remet en selle.


2e partie départ (Trajados-Fromista 62 km)

Il faisait frais au départ de Tardajos, c'est paraît-il souvent le cas à Burgos. Une fois les vélos chargés et équilibrés, nous avons donné les premiers coups de pédales sur le sol espagnol pour le départ de notre Vuelta (la vraie avait déjà démarré samedi ...). Très vite nous nous sommes engagés sur ce qu'on appelle ici les pistes blanches, c'est à dire un chemin en terre battue mélangée à des galets et des gravillons. Le sol est parfois dur, parfois plus meuble, et les pierres parfois de taille inégale, ce qui rend l'équilibre plus précaire, surtout avec les vélos chargés. Il fallait vraiment bien serrer son guidon et contrôler les descentes. Pas question d'y aller tout schuss comme sur les nationales. Pour un même effort, comptez 10-12 km/hr sur un tel terrain, contre 18-20 hr sur macadam. Mais le paysage et le calme sans circulation automobile valent cet effort supplémentaire.

Sur cette piste, nous sommes dépassés par un groupe de vététistes anglais, très light. On croyait qu'ils faisaient le Compostelle sans eau comme Hillary a fait l Everest sans oxygène pour être dans le Guiness book. Mais quelques kilomètres plus loin, nous avons découvert le pot aux roses: la camionnette logistique avait également traversé la Manche!
Le Camino nous a mené jusqu'à 1000 mètres d'altitude en serpentant entre les champs de blé et de tournesol.
A Hontanas, nous avons choisi la route, c'est pas défendu même pour des pèlerins, afin d'éviter quelques belles côtes dans la caillasse. Avec une voiture tous les quarts d'heure, ce n'était pas désagréable! A San Anton, nous avons découvert l'église drive in: la route passe en effet en dessous des voûtes gothiques des ruines d'un couvent. Une auberge a récemment été construite contre un de ses murs.
Après avoir traversé Castrojeriz, village-rue qui s'étire sur deux kilomètres en suivant le pied d'une colline isolée, nous avons du lutter contre une difficulté inattendue: un vent fort desséchant de face et rien sur cette route rectiligne pour s'en abriter, ni arbre ni haie.
Heureusement, l'étape du jour s'est terminée par le halage du canal de Castille, bordé de roseaux et qui nous a amené à Fromista où se trouve l'exceptionnelle église romane San Martin fondée en 1066.

Autant en emporte le vent (Fromista-Berciamos 71 km)

L'hôtel où nous avons logé à Fromista est un ancien relais de la congrégation de St Jacques. Le Camino longe la route provinciale quasi déserte, nous n'avons donc pas hésité à rester sur un bon asphalte, l'excuse étant de ne pas déranger les marcheurs qui devaient arpenter des lignes droites interminables. Heureusement qu'il y avait de temps en temps un village comme Villalcazar, Corion de los Condes, Moratinos pour briser la monotonie. Les places publiques sont bien rénovées, avec parcs, fleurs, bancs, fontaines et statues récentes. Les fonds européens sont passés par là. La couleur dominante des paysages est le brun des champs brûlés par le soleil, sauf le long des rivières qui dessinent un long ruban vert.
A cinq bornes de Carrion, nous avons repris la piste sur une douzaine de kilomètres ( la via aquitania) car elle était roulante mais affreusement rectiligne. Pauvres marcheurs d'autant plus que lorsqu il y avait une rangée d'arbres, elle était plantée au Nord, sans doute pour ne pas gêner le bronzage ;-) Un pèlerin nous a dit "infinito derrière, infinito devant"!
Après avoir dégusté une tortillas à Caladilla, nous avons repris la route contre le vent, la piste latérale devenant franchement mauvaise: en terre battue ou même en herbe. Plutôt pour VTT.
Comme nous sommes arrivés assez tôt à Sahagun, étape initialement prévue, nous avons continué sur une dizaine de kilomètres en longeant un chantier TGV pour nous arrêter à Berciamo Real Camino dans un authentique refuge paroissial pour pèlerins tenus par des bénévoles et où l'on paie selon son bon coeur. Nous sommes dans un dortoir à douze lits et le repas se prend en commun, libre à chacun d'aider à le préparer.

Pas d 'hôtel mais un autel de la chapelle où les pèlerins se passent la bougie pour que la chaîne de l'amitié continue. Coucher de soleil ensemble sur une butte au son d une flûte traversière.

Leon (Berciamos-Hospital de Orbigo 80 km)

Le réveil était annoncé à six heures mais il faut croire que tout le monde avait besoin de récupérer car nous avons été surpris quand notre voisin de lit a allumé la lumière en disant qu il était déjà sept heures. Une fois les vélos chargés, la bénévole a fermé la porte du refuge derrière nous car nous nous étions attardés au petit déjeuner avec deux Français, un montagnard lyonnais et un prêtre de Caen qui faisaient un bout du Camino ensemble. Après c'était assez cocasse de dépasser en les saluant d un "buen Camino" les autres pensionnaires à pied.
A nouveau le Camino caillouteux borde la nationale 120 quand il ne se confond pas avec elle. Imaginez vous aller à la mer à pied en marchant sur le bas côté de l'ancienne nationale! Il y a certainement un cheminement plus champêtre mais commerce oblige...


Leon possède un très beau centre historique avec de nombreux piétonniers où il fait bon flâner, et bien sûr son incontournable cathédrale gothique avec ses 1800 m2 de vitraux. On croyait que la maison de Dieu est ouverte à tous, pour autant qu on ouvre son porte-monnaie: 5 euros et pas de réduction pour les pauvres pèlerins! 2 euros de plus pour le cloître (cachet pour la crédentiale gratuit celui-là)




La sortie de ville, comme souvent, n'est pas très agréable à travers la banlieue, les zones industrielles et les noeuds autoroutiers. Nous y avons croisé un pèlerin en chaise roulante, chapeau, aussi pour ses accompagnateurs.
Nous avons poussé une pointe à 80 km compteur, distance pas vitesse, pour trouver une étape sympa à Hospital de Orbigo à côté du magnifique pont romain de Puente Viego comprenant vingt arches.

La croix de fer ( Hospital de Orbigo-Molinaseca 70 km)

Il faut atteindre Astorga pour enfin quitter le ruban noir de la bruyante nationale 120 qu'on doit suivre depuis Logrono et voir la couleur dominante du paysage virer du brun au vert, signe annonciateur de la montagne.
Cette ville dispose d'un centre historique remarquable perché sur une colline. L'horloge sur la tour de l'hôtel de ville est encadrée par deux personnages frappant la cloche.  A côté de la cathédrale gothique s'élève le palais épiscopal dessiné par Gaudi, transformé en musée des Caminos.
Après avoir dégusté des churrros locaux, nous avons imperceptiblement commencé l'ascension vers la Cruz de Hierro, un des points culminants du Camino à 1515 m d altitude,  non sans nous arrêter à l'excentrique albergue del Pilar aux airs de caravansérail. La montée est régulière et sans trop de trafic et c'est en compagnie exclusive de cyclistes, les marcheurs font la sieste en ce début d'après-midi, que nous arrivons au pied de la Croix de Fer que nous marquons pour respecter la tradition d'une pierre blanche de notre jardin sur laquelle est écrit le nom de nos trois petits enfants. C'est le premier but symbolique de notre Camino.
La descente montagneuse se termine dans les magnifiques gorges du Rio Meruelo. Arrivée à l'étape de Molinaseca par un pont romain. Nous choisissons l'auberge Santa Marina réservée aux seuls pèlerins. Heureusement qu'elle n est pas complète car le dortoir compte se

ize lits!